Réparer hier, sanctionner aujourd’hui ? Le double discours des nations face à Israël
- MEI Ministries
- 26 mai
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Ce dimanche 25 mai 2025, l’Espagne a accueilli une réunion réunissant une vingtaine de pays européens et arabes appelant à des sanctions contre Israël, à la suite des événements tragiques à Gaza. À Madrid, c’est une ambivalence des nations européennes qui s’est exprimée — face au conflit israélo-palestinien, certaines d’entre elles semblent oublier la mémoire dès lors qu’elle se confronte à la réalité politique. Ce positionnement interpelle au point même de marquer une dissonance historique.
L'Espagne, qui cherche depuis plusieurs décennies à réconcilier son histoire avec le peuple juif, semble aujourd’hui prendre la tête d’une position diplomatique particulièrement dure à l’égard de l’unique État juif.
Il n’y a pas si longtemps, en 2015, le gouvernement espagnol adoptait une loi sans précédent offrant la nationalité aux descendants des Juifs séfarades expulsés en 1492. Un geste symbolique fort, perçu comme une tentative de réparation historique après des siècles d’exclusion et de persécution — notamment durant l’Inquisition. Déjà en 1992, le roi Juan Carlos Ier exprimait publiquement des regrets sincères pour l’expulsion de la communauté juive, qualifiant cette décision d’erreur historique.
Depuis, des efforts culturels, éducatifs et politiques ont été menés pour préserver et réintégrer symboliquement la mémoire séfarade dans le récit national espagnol.
Et pourtant, dans le contexte actuel, ces gestes de réconciliation contrastent fortement avec l’hostilité diplomatique croissante à l’égard d’Israël.
Que l’on critique les actions d’un gouvernement en temps de guerre est légitime dans une sphère démocratique. Mais lorsque ces critiques prennent la forme d’appels à des sanctions unilatérales, orchestrées aux côtés de pays qui ne reconnaissent même pas l’existence d’Israël, la cohérence morale devient floue.
Ce paradoxe espagnol ne se limite pas à Madrid. Il résonne aujourd’hui dans l’attitude de plusieurs capitales européennes, qui s’alignent dans une posture de plus en plus critique — voire accusatrice — envers Israël, tout en affichant, sur d'autres fronts, un engagement envers la mémoire de la Shoah ou la lutte contre l’antisémitisme.
L’Europe, qui consacre des journées de commémoration, finance des programmes éducatifs sur l’histoire juive et déclare lutter contre la haine des Juifs, semble peiner à articuler ses principes moraux lorsqu’il s’agit d’Israël. Le double langage se fait de plus en plus visible : hommage aux morts d’hier, condamnation sans nuance des vivants d’aujourd’hui.
Cela interroge : peut-on prétendre réparer un passé de persécution juive tout en menant une politique contemporaine qui alimente l’isolement d’Israël ?
La critique est légitime, mais la cohérence l’est tout autant car si l’histoire n’immunise pas contre les contradictions, elle exige de la lucidité.
La mémoire de l’expulsion des Juifs d’Espagne — et plus largement, la mémoire juive en Europe — mérite mieux que d’être reléguée au rang de geste symbolique sans lendemain, pendant que la diplomatie agit à contresens.
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